Quelle est la différence entre Fantastique, Fantasy et Science-Fiction ? La littérature surnaturelle relève-t-elle de la Fantasy ou du Fantastique ? La science-fiction doit-elle être toujours bourrée d’explications scientifiques ? Est-ce qu’il y a toujours de la magie dans la Fantasy ? Et des phénomènes inexplicables dans le Fantastique ?
Quand vous posez ces questions à votre tonton Maurice, le dimanche midi, entre la poire et le fromage, il vous répond sûrement un truc dans ce genre :
« La différence entre Fantastique et Science-Fiction ? La Science-Fiction c’est quand il y a des robots et des vaisseaux spatiaux, comme dans “Star Wars” et le fantastique c’est quand il y a des monstres et de la magie, comme dans “Le Seigneur des anneaux”. »
Ça c’est la réponse que vous obtiendrez en demandant à quelqu’un qui n’y connait strictement rien et c’est ce qui vous vaudra un grand coup de poulet congelé dans la tronche si vous me la sortez au moment où j’ai le nez dans le congélo.
Oui, je suis un petit peu sensible sur la question, ALORS FAUT PAS ME CHERCHER, OK !!??? 😉
Non, il ne suffit pas de coller des robots dans un récit pour en faire de la Science-Fiction et ni les monstres ni la magie ne sont obligatoires dans un roman (ou un film) fantastique.
C’est à la fois plus compliqué que cela, et pourtant très simple quand on a compris (et j’ai une explication magique pour que tout le monde comprenne, vous allez voir 😊)
Qu’est-ce que la Science-Fiction ?
« Genre littéraire et artistique qui décrit un état futur du monde en extrapolant les données de la science ou de la technologie. »
Voilà la définition que donne le Petit Robert pendant qu’il essaie d’emballer La Rousse. Une ligne et demie de littérature qui éviterait à beaucoup de personnes de dire des âneries s’ils prenaient la peine de les lire.
Que trouvons-nous dans cette définition :
« Un état futur du monde », ce qui signifie que les récits de Science-Fiction se situent toujours dans l’avenir, que cet avenir soit proche, comme dans la série « Black Mirror », ou éloigné, comme dans « Minority Report », « Le 5e élément » ou « Star Trek ».
Déjà, à ce stade, on peut éliminer les œuvres qui se déroulent « Il y a longtemps dans une galaxie lointaine… » si vous voyez ce que je veux dire.
« … en extrapolant les données de la science ou de la technologie. », voilà ou se trouve la différence majeure entre Fantastique et Science-Fiction. Le contexte ainsi que les événements survenant dans un récit de Science-Fiction sont toujours expliqués de façon scientifique. Tou-jours.
Dans « Aliens », on nous explique le mode reproductif des xénomorphes.
Dans « Star Trek », le voyage dans le temps suit une méthode précise et doit respecter certaines contraintes techniques.
Dans Wall-E, nous savons pourquoi la Terre est devenue une décharge et comment les humains se sont transformés en d’impotents grassouillets.
Etc.
Peu importe que les explications soient correctes scientifiquement parlant. Nous n’assistons pas à un cours de physique nucléaire, mais à une fiction divertissante. Ce qui compte, c’est qu’il y en ait une.
Certains romans de SF vont loin dans les explications scientifiques, allant jusqu’à donner des chiffres et faire des démonstrations (Ex : « Le problème à trois corps » de Liu Cixin). Ce genre de romans entre dans le sous-genre « Hard Science-Fiction » (moi j’appelle cela des romans pour ingénieurs 😉).
Ce n’est pourtant pas une obligation. On peut trouver bon nombre de romans SF qui explique vaguement le fonctionnement des événements ou des éléments de contexte et se concentre plutôt sur le déroulement du récit (Ex : La saga du « Vieil homme et la Guerre » de John Scalzi)
Qu’est-ce que le Fantastique ?
« Genre littéraire et artistique où dominent des éléments surnaturels ou non vraisemblables. », nous dira le même Robert, dépité de finir la soirée tout seul.
Ici, la définition se résume à deux mots-clés : « surnaturel » et « non vraisemblable »
Surnaturel parce qu’ils changent de l’ordinaire. On ne croise pas des chiens à trois têtes, des hommes volants et des voitures maléfiques tous les jours. Ce qui survient dans les films fantastiques est toujours surprenant et souvent flippant. C’est la raison pour laquelle une grande part des films d’horreur sont classés dans ce genre.
« Non vraisemblable », car non expliqué, et on touche au nœud de la différence entre Sciences-fictions et Fantastique. Dans le Fantastique, aucune explication scientifique ou technologique n’est donnée. Il n’est d’ailleurs pas rare que les protagonistes doutent sur la réalité des phénomènes surnaturels qui les frappent.
On ne sait pas pourquoi la voiture Christine prend vie pour tuer les piétons qui traversent en dehors des clous.
On ignore pourquoi la magie existe dans l’univers d’Harry Potter.
Personne ne nous explique pourquoi Excalibur est magique.
C’est comme ça, et pis c’est tout.
Et la Fantasy dans tout ça ?
Le merveilleux est un cas à part, car c’est une exception française. Oui, madame ! (Cocorico)
La différence entre Fantastique et le merveilleux (ou Fantasy) n’existe pas dans le monde anglo-saxon. Pour nos amis les anglais et les américains, les deux genres sont réunis sous la même étiquette de « Fantasy ». C’est pourquoi de si nombreux médias ne font pas la distinction entre les deux.
En France, on aime bien la précision, alors on a développé une nuance pour faire le distinguo entre Fantastique et Fantaisie.
Dans le Fantastique, l’événement surnaturel est considéré comme anormal par les protagonistes du roman ou du film.
Dans « ÇA », par exemple, tous les personnages sont persuadés de la non-existence des monstres sur terre. C’est pourquoi ils flippent leur race quand ils voient un clown démoniaque avec des dents comme des lames de rasoir leur foncer dessus.
Dans la Fantaisie, en revanche, le surnaturel est parfaitement normal et habituel pour les personnages.
Par exemple, dans « Le Seigneur des Anneaux », personne ne s’étonne de voir surgir des magiciens, des orques et des dragons à chaque coin de rue. C’est la routine.
La magie est souvent présente dans la Fantasy, mais ce n’est absolument pas une obligation. Une saga comme celle de « La Tour Sombre » de Stephen King entre clairement dans le genre Fantaisie (Dark Fantasy pour être précis), pour autant la magie est présente, mais très marginale tout au long des 8 livres. King préfère faire parler la poudre à canon 😊
Différence entre Fantastique, Fantasy et Science-Fiction : comment ne plus jamais se tromper
Il existe une métaphore magique pour ne plus jamais se tromper entre Fantastique, Science-Fiction et Fantasy. Cette métaphore n’est pas de moi, mais de l’excellent Apophis et se trouve dans son « Guide des genres et sous-genres de l’imaginaire ».
Imaginez un récit dans lequel un chat parle couramment le français :
Si votre chat se met tout à coup à parler, sans savoir pourquoi, dans un monde où les chats ne parlent habituellement pas, c’est du fantastique (Ex. : « Didier » d’Alain Chabat).
Si votre chat parle soudainement parce que vous lui avez greffé la carte son de votre ordinateur dans le larynx, c’est de la science-fiction (Ex. : Rocket dans « Les Gardiens de la Galaxie »)
Si votre chat vous raconte sa vie pendant que vous labourez les champs, mais que personne ne s’en étonne, c’est de la Fantasy (Ex. : l’Âne dans « Shrek »)
Et c’est aussi simple que cela.
Pour aller plus loin
Bien sûr, Science-Fiction, Fantastique et Fantasy sont les 3 grands genres de l’imaginaire, mais on peut aller beaucoup plus loin en plongeant dans la jungle des sous-genres.
Chaque genre se décline en des dizaines de sous-genres se distinguant les uns des autres par de légères nuances pas toujours faciles à cerner.
« Star Wars », par exemple, n’est pas un Space opera comme certains le pensent (le Space Opera étant un sous-genre de la Science-Fiction), mais relève de la « Space Fantasy », un sous-genre de la Fantasy.
Si vous voulez en savoir plus sur les genres et les sous-genres de l’imaginaire, alors je vous invite à lire l’excellent « Guide des genres et sous-genres de l’imaginaire » d’Apophis.
Pour commander cette référence, cliquez sur l’image ci-dessous :